On s’arrête on réfléchit
Il y a 3 jours, mon amie S. fait un malaise au travail… Merde… On sait de quoi c’est le signe ça. Effectivement 3 jours après son médecin est sans appel. Une semaine d’arrêt minimum : elle a tous les premiers signes du burnout. Merde S., merde ! A 29 ans, un burnout ?
Entendons-nous bien, je ne dis pas qu’il y a un âge où c’est ok de faire un burnout… Mais on parle d’un « syndrome d’épuisement professionnel » ; S. ça fait 4 ans qu’elle taffe, 6 ans en comptant son alternance. Et elle n’est pas la seule hein !
La place du travail
Le système productiviste capitaliste travaille d’arrache-pied pour qu’on ne regarde pas le problème en face, mais il nous saute à la gueule : on bosse trop !
Allez S., maintenant on s’arrête et on réfléchit… !
Ce qui est marrant, c’est que S. c’est une de mes seules copines avec qui j’ai des débats houleux sur la place du travail et qui conteste fondamentalement mon amour pour le chômage. (Et c’est super qu’on débatte hein ! A force d’entre soi on se coupe parfois des autres visions du monde qui existent, et même dominent, dans notre société). C’est incompréhensible pour elle que je cherche à avoir des périodes de chômage dans ma vie. C’est le fameux « si tout le monde faisait comme toi, il n’y aurait personne pour le financer ton cher chômage heiiiin ».
L’impossibilité de faire une pause
Mais, de la même manière, pour moi c’est incompréhensible qu’après 3 ans à s’épuiser dans une boite, et suite à un licenciement économique (donc chômage assuré !), elle n’ait pas fait la moindre pause et qu’elle ait immédiatement retrouvé un nouvel emploi qui l’épuise.
J’entends qu’à son sens, le chômage ça ne soit pas fait pour se reposer… Mais on se repose quand alors ? Ah oui c’est vrai, pendant nos week-ends et nos semaines de congés payés… où on est du coup trop exténué pour faire quoi que ce soit d’autre que de la consommation stérile. Passer son temps libre à se reposer pour pouvoir retourner bosser. Merci mais non merci !
Alors que j’entame une nouvelle période de chômage, j’ai conscience d’à quel point ma situation est un luxe. Pas le chômage en soit bien sûr ! Ça c’est juste un droit, je ne l’apprends à personne ici. Par contre, c’est un luxe dans notre société de vivre le chômage comme je le vis : sans pression, sans flagellation, sans culpabilité.
Le sens qu’on donne au chômage
Ouais, je suis payée par l’État pour faire des projets qui me font kiffer hors d’un cadre salarié. Ouais, je suis payée par l’État pour ralentir un peu, faire des trucs qui me font du bien et faire du bien aux gens que j’aime…
J’avoue, je prends un peu le chômage pour le salaire à vie qu’on ne parvient pas à avoir (mais version moins sécure et avec Pôle Emploi qui te colle au bask’…donc pas un salaire à vie du tout).
Mais j’ai conscience que le chômage apaisé est une chance ! Parce que la Société met tout en œuvre pour que ce soit dur à vivre…elle serait trop emmerdée qu’on se rende compte collectivement que c’est cool de travailler moins !
Paresse pour tous
D’ailleurs quand je suis au chômage, je lis… chose que je fais peu quand je suis en emploi (pas le temps, l’énergie, les moments, l’envie). Et ma dernière lecture c’est « Paresse pour tous ! » de Hadrien Klent.
Un roman qui nous parle d’un fictif prix Nobel d’économie français qui se lance dans la campagne présidentielle de 2022 avec un programme dont la base est de réduire le temps de travail à 15h par semaine (3h/jours). Une jolie ode à l’antiproductivisme et à l’oisiveté ; très agréable à lire par ailleurs (surtout en parallèle de la réelle campagne présidentielle qui donne un peu envie de gerber).
La démonstration du bouquin est claire et sans appel : paresseux de tout pays, unissons-nous, c’est nous qui sauverons le monde !
Et ça vaut pour vous aussi ! Bénévoles épuisés ! Au chômage, au RSA, à temps partiel, (parfois même à temps plein !) mais qui bossez 60h/semaine bénévolement pour ce qui vous tient à cœur ! Bien sûr que votre tâche est noble et que la cause est belle… ça n’empêche pas qu’il faut reconnaître quand on est en train de se cramer !
Il ne s’agit pas de rien faire, juste faire moins (et mieux ?) et moins vite, pour être un peu plus apaisé et surtout pour proposer un nouveau rythme au monde !
Ralentir ou mourir, c’est aussi vrai individuellement que collectivement… va falloir s’y mettre !
Marion