3 octobre 2020

Pourquoi je suis si content à l’idée d’écrire dans ce journal

Par allumefeu

Quand j’ai compris qu’on allait réellement faire un journal, j’avais un sentiment au-delà de l’excitation. Presque un sentiment irréel. Purée, on va vraiment faire un journal ! Un vrai, un beau.

J’avais envie d’écrire, mais je ne savais pas quoi. Beaucoup de sujets sont intéressants mais rien ne me venait. Quand une camarade m’a conseillé « et si tu écrivais un article sur pourquoi t’es si content d’avoir ce journal ! », sa proposition m’a semblé lumineuse. C’est chose faite !

Le scoutisme manque d’unité, le caractère inter-mouvements est essentiel

Je ne vais pas faire le traditionnel laïus sur nos différences qui sont minimes et que nous sommes uni.e.s sur des valeurs communes etc. C’est un fait, peu de scouts savent ce qui est fait hors de leur association et parfois même de leurs groupes, au-delà des clichés sur les un.e.s et les autres. Il y existent de belles initiatives, des projets pour créer du commun entre les associations, certaines du fait des assos, d’autres indépendantes. Ce journal compte participer à créer ce commun. C’est pour ça que je suis si content à l’idée d’écrire dans ce journal !

Ce journal compte participer à créer ce commun. C’est pour ça que je suis si content à l’idée d’écrire dans ce journal !

Ne pas être d’accord est une bonne chose

Pour autant, quand on veut briser les clichés sur les autres associations, on a tendance à vouloir arriver à un consensus mou, à se « focaliser sur ce qui nous rassemble et non ce qui nous divise ». Si l’intention est louable, cela transmet une vision de la démocratie erronée. Comprendre ces différences, accepter celles qui sont acceptables et refuser celles qui ne le sont pas, grandir ensemble, trouver une troisième option qui soit ni la tienne ni la mienne, ça c’est la démocratie. Pas un relativisme absolu où tout se vaut.

Cette alternative est souvent la seule : soit ce relativisme soit un ramassis de clichés éculés. Ce n’est pas satisfaisant.

Ce journal veut défendre des positions, des visions de la pédagogie scoute, des visions du monde. Il ne prétend pas à la neutralité ou à l’objectivité. Notre démocratie ce n’est pas la volonté de cacher les différences. La démocratie c’est le dissensus. C’est cette démocratie qui vit par cette publication ! C’est pour ça que je suis si content à l’idée d’écrire dans ce journal.

Nos publications internes manquent d’espaces de débats et de réflexions

Pourquoi ne pas écrire dans la publication interne de ton mouvement alors, me répondra-t-on ? Je ne pense pas que ce journal soit en concurrence avec les différentes revues de nos assos. Au contraire : il leur est complémentaire. Personne ne veut prendre la place de ces revues.

Dans ce journal nous pouvons avoir une liberté de ton plus difficile à obtenir dans une publication interne, qui souhaite rester peut-être plus neutre ou consensuelle.

De plus, le pseudonymat permet aussi une plus grande liberté. Ce n’est pas la question de ne pas assumer ses propos, mais de détacher l’auteur.e de son texte, qu’on n’entende pas des « ça ne m’étonne pas qu’il écrive ça, c’est un membre de telle asso » et autres « elle est dans mon asso et fricote avec telle autre asso, je ne voterai pas pour elle à telle élection ». Si je suis d’accord, pourquoi je veux absolument savoir qui a écrit ? Il est aussi parfois plus facile de pointer des erreurs et des errements dans une association quand on se sait à l’abri d’éventuelles stigmatisations – voir sanctions – même inconscientes, de cette association. Enfin, ce pseudonymat peut aider ceux et celles qui sont peut-être intimidé.e.s de passer à l’écrit, dans un monde où ce média est le média noble par excellence.

Le caractère inter-mouvements de la revue peut en plus mettre le doigt sur des problématiques qui nous touchent toutes et tous, quelque soit la couleur de notre chemise. Si nous sommes un peu honnête, on se rend compte que nous sommes dans un mouvement plutôt qu’un autre essentiellement par hasard : perso ma mère voulait que j’aille en forêt, elle m’a mis dans la première association qui a répondu aux appels. Nos réflexions pédagogiques dépassent les frontières de nos associations, qui de toute façon ont des histoires croisées. Qui n’a pas un.e pote passé.e dans une autre association ? Peut-être même toi, qui lis ces lignes.

Beaucoup de questions sont transversales. Et même les quelques questions qui ne concernent pas mon association peuvent l’enrichir, ne serait-ce qu’intellectuellement. C’est pour ça que je suis si content à l’idée d’écrire dans ce journal !

« Ouais mais si tu veux changer les choses : participe à la vie de ton association »

Ce ne sont pas des choses contradictoires, une fois encore. Nous sommes toutes et tous responsables/chefs/cheftaines dans une association de scoutisme. Souvent nous allons aux AG et autres congrès, parfois nous sommes cadres. Ce journal n’est pas un réquisitoire d’ancien.ne.s aigri.e.s ou voulant régler des comptes. J’aime mon association, j’y suis depuis tout petit ! Je suis investi dans sa vie. C’est parce qu’elle m’a beaucoup apporté et que je l’aime, que j’ai envie d’y apporter quelque chose. Je pense que mon asso peut faire mieux et que cette revue va l’aider.

Cette publication n’est pas une critique externe venant de gens qui ne connaissent pas ou mal le scoutisme. Cette revue est un espace de réflexion interne, venant de gens résolument scouts mais qui veulent un meilleur scoutisme ! C’est pour ça que je suis si content à l’idée d’écrire dans ce journal.

Le scoutisme veut changer le monde, pour aller vers quoi ?

L’OMMS a pour slogan « créer un monde meilleur ». Baden-Powell nous enjoint à « laisser le monde un peu meilleur qu’on ne l’a trouvé en arrivant ». Sympa, mais ça veut dire quoi « meilleur » ?

Ce journal a l’ambition d’apporter des pistes sur ce que peut être ce monde meilleur. Je considère que la majorité de mes convictions sont issues de près ou de loin de mon expérience scoute. C’est quoi un endroit sans argent et où tout le monde fait les tâches chacun.e son tour et où personne ne peut les éviter ? Un camp scout !

Notre scoutisme a nourri nos convictions, nourrissons notre scoutisme de nos convictions. Le monde qui nous entoure est pourri. Nous l’avons compris. Nous ne voulons pas arriver avec un programme parfait de ce qu’il faut faire et de ce qu’il ne faut pas faire. Celui qui prétend avoir un tel programme est un menteur. En revanche, nous pensons que le scoutisme a un rôle à jouer. Ce journal peut aider.

C’est pour ça que je suis si content à l’idée d’écrire dans ce journal.

Rossignol