Beaucoup de bruit dans une oreille qui traîne
En temps de crise, il faut serrer les rangs.
Mais qu’est ce qu’il lui a pris ? Quelle mouche l’a piqué ? Comment en est-on arrivé là ?
Le 11 juin dernier, peu après la publication du protocole COVID spécial formation visiblement “plus contraignant que l’hôpital” (commentaire), Antoine Ménard, ancien administrateur et directeur de formation des SGDF écrivait un (très) long post sur Facebook pour annoncer son reniement de diriger un stage en protestation de l’application dudit protocole.
Le post est présenté comme une lettre ouverte à ses potentiels stagiaires qu’il ne formera pas décrivant les points les plus contraignants du protocole et taclant au passage “chez mon échelon d’accompagnement qu’une communication descendante et intransigeante”.
Il n’en fallait pas plus pour avoir une lever de bouclier quasi unanime de plusieurs membres de l’équipe nationale (formation ou non) pour positionner une morale manichéenne appuyés par la fameuse citation de Baden Powell : “Rester immobile ne sert à rien. Il faut choisir entre progresser ou régresser. Allons donc de l’avant et le sourire aux lèvres.” (commentaire). Ainsi les commentaires, malgré qu’ils soient enrobés de bienveillance, cadrent le débat en cherchant à survaloriser ceux qui s’adaptent, inventent et sont résilients.
La présidente du mouvement, Marie Mullet, s’est également exprimé dans les commentaires pointant comme le reste le respect évident de son choix avant de l’apostropher longuement sur son choix de publier publiquement son post car oui, “il me semble que ton choix ne devrait pas chercher à couper les ailes de ceux qui essayent” l’accusant ainsi de vouloir semer le trouble dans les rangs déboussolés par la désorganisation conjoncturelle dû à la pandémie.
Est-ce révélateur ? Peut-être.
Peut-être que les rangs ne sont pas si serrés que ça, peut-être que les tensions internes dans un mouvement aussi grand sont nombreuses, multiples, complexes et que les grilles de lecture manichéennes sont faussées (et donc à bannir) car elles polarisent les acteurs et créent de la division.
Peut-être que ces tensions n’ont pas (encore) l’habitude d’être publiques et que l’on cherche à les étouffer de peur de les voir se propager. Si c’est le cas cela révèle pour le coup un déficit non négligeable : un déficit démocratique. La démocratie que l’on peut définir avec Paul Ricoeur (qui est loin d’être un anarchiste) : « Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage. »
Ainsi si les membres de l’organisation des SGDF prennent un réflexe défensif collectif dès qu’un membre de l’association émet une critique, alors c’est que leur organisation est à revoir pour pouvoir laisser plus d’expression contradictoire (plus de démocratie) ce qui amènera plus d’analyse et de débat mais surtout plus d’arbitrages.
PS : Ce cas isolé ne l’est pas, on peux retrouver ces comportements sur plusieurs publications sur les réseaux sociaux (Neurchi, groupes Facebook, Twitter…)
Mama