8 juin 2022

Petit point sur les luttes de l’animation et de l’éducation

Par allumefeu

Quelles sont les conséquences d’une journée de mobilisation nationale des animateur·rices en milieu scolaire ? Des enfants qui restent à la maison, des parents en télétravail et des travailleur·euses insatisfait·es. Il est important de noter que les enfants subissent aussi les conditions de travail déplorables des personnes travaillant dans l’animation, du personnel de l’éducation.

Quoi, quand, où, pourquoi ?

Après des périodes de très grands creux pendant les différents confinements, le secteur de l’animation s’est mobilisé pour demander une amélioration de leurs conditions d’emploi, de meilleurs statuts, des formations adéquates, ou encore de plus stables et plus importantes rémunérations. Depuis novembre 2021, il y a eu plusieurs appels à la grève nationale: le 19 novembre, le 14/15 décembre et pas plus tard que la semaine du 8 mars 2022 ! La mobilisation a pris de l’ampleur dans des villes comme Paris, Nantes, Strasbourg, Toulouse, Grenoble, et quelques autres encore.

Concrètement, les conditions de travail des travailleur·euses sont mauvaises, que ce soit pour les animatrices et animateurs, mais aussi les ATSEM, AESH, autres métiers du périscolaire et des personnels de l’éducation. Entre des projets de loi désavantageant (loi Victory), le « Projet Educatif Territorial » (PEDT, passé en janvier qui permet aux municipalités d’augmenter le nombre d’enfants par animateur·ice), et les réponses décevantes apportées par la secrétaire d’état Sarah El Haïry, qui proposait des aides pour que les jeunes passent davantage le BAFA. Elle passe ainsi à côté de tout l’enjeu car : « il s’agit d’un travail, que ne peuvent pas effectuer des étudiant.e.s au cours de l’année scolaire, et non simplement un job d’été ».

Parmi les attentes et les revendications des travailleur·euses, il y a bien évidemment à corriger le caractère précaire lié à la rémunération. A titre d’exemple, une ancienne scoute devenue AESH décrit : « Nous débutons avec un salaire à 750€/mois pour 24h/semaine, lissé sur l’année car les vacances scolaires ne sont pas payées. Ce salaire, en plus d’être sous le seuil de pauvreté, ne tient pas compte du niveau d’études ou de formation des AESH ».

Mais ce n’est pas l’unique raison de mobilisation : les heures de préparations qui pourraient être comptées dans le temps de travail, les contrats d’embauche qui pourraient passer de CDD à des CDI, des offres de formations reconnues comme professionnalisantes (ce que ne sont pas les formations BAFA), etc.

Pourquoi parler de ça ici ?

Le scoutisme entre dans la classification des ACM (Accueils Collectifs de Mineur·es) et fait donc partie du domaine de l’animation. Même si les statuts des personnes dans les mouvements scouts sont pour grande majorité bénévoles, cela ne nous empêche pas d’être solidaires des luttes qui s’ouvrent ces derniers temps en France. Cela nous permet même de ré-affirmer à quel point accompagner des enfants dans leur évolution EST une priorité qui exige des moyens.

S’occuper d’enfants et leur proposer des animations de qualité au quotidien ne relèvent pas seulement du bénévolat. Il s’agit d’un secteur d’activité en voie de disparition tant le cadre autour de ces métiers n’est pas propice. On lâche rien !

Je me permets de vous écrire pour vous faire part des conditions de travail des AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap).

Nous débutons avec un salaire à 750€/mois pour 24h/semaine, lissé sur l’année car les vacances scolaires ne sont pas payées. Ce salaire, en plus d’être sous le seuil de pauvreté, ne tient pas compte du niveau d’études ou de formation des AESH.

Le temps partiel n’est pas choisi mais imposé se calquant seulement sur la présence des élèves en classe.
Or selon le profil / handicap de l’enfant, il y a besoin de temps pour se former, pour faire des recherches et des adaptations aux leçons, exercices et évaluations, ainsi que d’un temps pour l’accueillir le matin ou l’accompagner à la cantine, aux toilettes, ou le soir pour son départ. Tout ce temps n’est pas pris en compte.

D’autre part, la gestion des AESH se fait maintenant selon des PIAL (NDLR : pôles inclusifs d’accompagnement localisés : des regroupements d’écoles ou établissements), et pas au niveau de l’école. Nous pouvons donc intervenir sur plusieurs établissements (temps de transport), plusieurs classes pour plusieurs élèves. Il n’y a donc pas de continuité dans l’accompagnement proposé qui se retrouve être un accompagnement en « gruyère ».

Nous ne pouvons pas vérifier avec chaque enfant pris en charge s’il a bien compris ses leçons, noté ses devoirs, fait son cartable, et surtout son niveau de compréhension des notions, s’il a besoin d’adaptation, d’explications plus approfondies. L’aide apportée manque de cohérence.

Enfin, lorsqu’un AESH peut être éligible à un CDI, après deux contrats de 3 ans en CDD, ses années d’ancienneté, soit 6 ans, ne sont pas prises en compte.

Il y avait pourtant des propositions très pertinentes dans la loi Victory, passée en commission le 12/01/22, mais complètement vidée de sa substance avant d’être votée par l’assemblée nationale le 20/01/22.

Dans l’espoir que vous tiendrez compte de nos demandes d’amélioration de notre situation, de la création d’un véritable statut et d’une grille indiciaire cohérente pour ce métier de l’accompagnement du Handicap en milieu scolaire.

Témoignage de Guillemette, ancienne scoute

Depuis plusieurs années, le métier se professionnalise sans être pour autant revalorisé, ni économiquement, ni symboliquement. Un des meilleurs exemples est sans doute celui des contrats d’engagement éducatif (CEE). Ils ne dépendent pas du Code du travail mais du Code de l’action sociale et des familles, et prévoient une rémunération minimum de 23,06 euros brut par jour. « C’est inadmissible. Ces contrats sont l’héritage d’une époque qui est aujourd’hui révolue. Les professionnels du métier ne peuvent plus accepter ça », souligne Nathanaël, animateur à Caen. ”

Extrait de Bastamag, 14/12/2021 « En première ligne mais « invisibles » : les animateurs en grève pour la reconnaissance de leur métier »

Fripouille Moustachu

Pour s’informer ou continuer à s’organiser ensemble : le collectif France Animation en Lutte s’est monté et il est notamment très actif sur Facebook