23 septembre 2021

Camp scout et alimentation : comment cesser de participer au « carnage » ?

Par allumefeu

Faire un camp scout végé : mission possible

Désastre écologique, torture et cruauté animale, transmission de maladie et épidémies, la consommation de viande encourage aujourd’hui la destruction du vivant à tous égards.

Pourtant, il semble encore si difficile de changer son alimentation dans la vie quotidienne comme dans nos rassemblements collectifs. Parler de végétarisme soulève des réticences, voire des refus de la part de parents, de RG, ou de chef·taines eux-mêmes.

Comment expliquer cette contradiction entre un scoutisme tourné vers la protection du vivant et le respect de notre environnement, et le manque de considération pour la vie animale et les conséquences écologiques ?

Entre méconnaissance de l’alimentation végétale, manque de volonté et crainte de carences pour les jeunes, les raisons sont multiples. 

Je souhaite donner ici modestement quelques pistes pour tendre vers une disparition de l’alimentation carnée dans nos camps et week-ends. 

1. Rassurer les parents

Nous avons tous·tes grandi avec le mythe que la viande constitue un élément essentiel de l’alimentation humaine, et qu’elle est nécessaire au bon développement et fonctionnement de notre corps. 

Il s’agit là de la source des craintes de nombreux parents, qui voient d’un mauvais œil les chef·taines de leur enfant proposer d’affamer et d’affaiblir leur progéniture sous prétexte idéologique. Les slides de la présentation de camp défilent et iels imaginent déjà leur·e petit·e scout·e, mourant·e sous la tente, les muscles atrophiés et le ventre qui crie famine. 

Pourtant, la compatibilité du régime végétarien avec l’alimentation des enfants n’est plus à prouver. La totalité des études menées sur le sujet conclut qu’il n’y aucun risque pour un enfant de ne plus consommer de chair animale, tant que l’alimentation est variée, et qu’une attention est portée à l’apport en protéines. L’American Dietetic Association, Les diététistes du Canada et l’American Academy of Pediatrics ont fourni des études approfondies qui prouvent que les enfants et les adolescent·es grandissent et se développent bien lorsqu’iels consomment un régime végétarien bien conçu et complété par des suppléments convenables.

2. Inclure les enfants dans la démarche

Pour que le choix de l’alimentation devienne un sujet collectif au sein de l’unité, il est important d’impliquer les jeunes dès le début du camp. Supprimer la viande de son alimentation pendant deux semaines peut générer des appréhensions pour certains et certaines. 

Organiser un débat avec la méthode des chapeaux de Bono permet de remettre en contexte les différents arguments relatifs au végétarisme et d’avancer dans le débat, en entendant toutes les opinions des jeunes. 

En prenant pour base un maximum de 3 repas carnés par semaine, ce qui correspond aux préconisations de réduction de viande prônées à la fois par nos mouvements et par les organismes de santé publique, cela permet de cadrer le débat autour de “combien de viande souhaitons-nous manger pendant le camp ?”. 

Que nos jeunes décident de manger 0 ou 3 fois de la viande par semaine, le fait même de poser la question permet de prendre collectivement conscience de notre consommation, et de ne pas considérer le sacrifice de la vie animale comme un acquis. 

Il convient à ce moment de préciser que la viande sera toujours une option pendant le camp, cuisinée et disposée à partir du menu végétarien de base. 

3. Séduire les papilles

Tendre vers un camp sans viande permet de repenser les menus traditionnels, découvrir de nouvelles cuissons, de nouveaux aliments et saveurs. 

Vous serez surpris·es de voir vos jeunes s’extasier d’un burger au steak de betterave, demander du rab de tofu mariné ou d’aubergines grillées (exemples inspirés de faits réels).

Voici un exemple de délicieux menus végétariens pour un camp de 2 semaines.

4. Sensibiliser nos mouvements, nos co-cheftaines, 

Les Éclaireurs et éclaireuses de la Nature sont aujourd’hui le seul mouvement à défendre un végétarisme en camp. A titre d’exemple, les SGDF ont voté une motion pour “réduire la consommation de viande”, mais restent en pratique très réticents à l’idée d’un végétarisme “total”. 

Pourtant nos lois scoutes semblent toutes amener vers une alimentation qui protège la vie animale et qui diminue l’impact écologique sur l’environnement :

 “La guide, le scout parle en vérité et agit en cohérence” ; 

“L’éclaireur, l’éclaireuse aime et protège la nature et la vie.” ; 

“La guide, le scout, participe à la construction d’un monde de justice et de paix”…

En effet, le végétarisme, a fortiori le véganisme, ne s’inscrit pas uniquement dans une visée d’action individuelle écologique. C’est un choix d’alimentation qui amène à questionner plus largement notre rapport au vivant, et qui refuse l’itération quotidienne de la domination humaine sur l’animal. 

Il va de soi que le végétarisme entre aussi en complémentarité avec la prise de conscience que certains produits d’origine animale et végétale participent aussi de l’exploitation humaine (café, cacao, fruits exotiques). Interroger la provenance et le système de production de ces aliments s’ancre une nouvelle fois dans une posture de recherche d’information et de compréhension de l’impact de son existence sur le monde.

A vos fourchettes ! 

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