16 mars 2021

Protégeons les enfants

Par allumefeu

TW : inceste, violences sexuelles, violences physiques


Ces derniers temps, il y a eu beaucoup de bruit autour de l’inceste et des violences faites aux mineur·es, notamment grâce à la publication du livre de Camille Kouchner (La Familia Grande – témoignant des gestes incestueux commis par Olivier Duhamel sur le frère de Camille).

Cela nous a mis la puce à l’oreille en tant qu’éducateur·ices : comment pouvons-nous détecter et/ou prévenir ces actes ? Quel rôle avons-nous à joueur pour protéger les jeunes que nous encadrons ?

Nous nous sommes réuni·es en visio afin d’en discuter et l’un d’entre nous a présenté les différentes façons de prévenir, détecter et signaler les violences (physiques et sexuelles) faites aux mineur·es.

Y avait-on déjà réfléchi ?

Nous n’y avions pas vraiment été confronté en fait. Pendant nos formations nous étions éveillé·es au sujet mais rares sont celleux qui ont eu à gérer des situations où des jeunes ont confié·es être victimes de violences. Nous faisions cependant attention à respecter nous-mêmes l’intimité des jeunes, étant donné que nous sommes des adultes interagissant avec des mineur·es. Nous sommes aussi conscient·es que les actes sexuels sur les mineur·es sont malheureusement des choses qui reviennent dans le scoutisme comme le témoignent notamment les affaires qui ont eu lieu aux États-Unis ou encore à Lyon[1].

Prévenir

Parmi les besoins fondamentaux de l’enfant, le cadre sécurisant qu’on lui accorde permettra à la parole d’émerger : on fait alors prendre conscience au jeune des interdits et qu’on est là pour l’écouter, on est un·e interlocuteur·ice à qui iel peut se confier.

De part cette nécessité de garantir un environnement sûr aux jeunes, nous devons nous méfier des traditions et autres sources de violences physiques/psychologiques dans nos activités. Nous sommes leurs grands frères et grandes sœurs, iels nous imitent et s’inspirent de nous. Iels ont confiance en nous et c’est notre responsabilité de ne pas en abuser.

Repérer

On a donc parlé des agressions physiques (violences allant parfois jusqu’au décès), des violences sexuelles ainsi que des violences psychologiques. Beaucoup de signaux peuvent alerter, évidents ou non, et parfois contradictoires :

  • Physiques : blessures apparentes (bleus, plaies …), changement de comportement contrastant avec son âge ou son développement ou encore vis-à-vis de son comportement habituel
  • Comportementaux : troubles du sommeil, troubles alimentaires, difficultés d’apprentissage
  • Émotionnels : peur, agressivité, isolement, refus de jouer, recherche d’attention, inquiétude, changement rapide de comportement, comportement « sage » ou « mature » (cela dépend aussi du comportement habituel de l’enfant)
  • Interactions adulte-enfant : c’est-à-dire comment la relation qui pourrait être néfaste se présente face à nous. Les méthodes pédagogiques peuvent sembler inadaptées, le respect de l’intimité semble être flou, il peut sembler y avoir un malaise dans la relation … L’enfant peut sembler aussi être « négligé » : hygiène, vêtements, alimentation. En tout cas, il paraît évident que quelque chose cloche.

Autre point très important : si le·a jeune décide de se confier à nous, iel ne dit pas forcément la vérité mais ce n’est pas à nous d’en décider. Nous ne pouvons pas nous permettre de douter de ses paroles. Il est essentiel de ne pas avoir l’air paniqué·e, de se concentrer sur ses ressentis, de poser des questions ouvertes, de faire attention à ne pas promettre qu’on ne le dira pas (si c’est grave iel doit comprendre que des personnes peuvent l’aider).

Signaler

D’abord, ne pas rester seul·e en tant qu’éducateur·ice avec cette confession. La maîtrise est là pour veiller au bien-être de tous les jeunes mais la santé mentale des chef·fes n’est pas à négliger.

Ensuite, dans les mouvements scouts il peut y avoir des cellules de soutien et d’accompagnement des chef·fes qu’il faut solliciter dans un premier temps.

On contacte alors le 119 : iels sont là pour écouter et prendre compte de la situation. Iels prennent l’identité du/de la jeune afin de pouvoir agir plus rapidement/sévèrement si les signalements s’intensifient par exemple. Suite à cet appel, le·a jeune reste accompagné·e, tout comme les maîtrises concernées. La situation évoluera selon l’évaluation qui en est faite par la cellule départementale du 119, la communication faite entre le·a jeune, la maîtrise, le groupe, les proches, l’école etc … Aucune maltraitance ne peut être justifiée au nom de la défense d’une institution, d’un groupe ou d’une personne proche !

Le fait de signaler est une obligation légale : si vous remarquez qu’un jeune semble en danger au sein de son environnement proche, rien ne justifie le fait de s’abstenir de prévenir des personnes compétentes. La santé et l’intégrité d’un·e personne est en jeu.


Des outils pour aller plus loin

Le temps d’échange en équipe développé par les SGDF https://www.sgdf.fr/vos-ressources/doc-en-stock/category/267-bientraitance?download=3072:module-a-l-abri-de-la-maltraitance-temps-d-echange-en-equipe

Livret Stop aux violences sexuelles https://www.bayard-jeunesse.com/infos/wp-content/uploads/2018/10/Livret-STOP_aux-Violences_Sexuelles.pdf

Mon Corps c’est mon corps https://www.youtube.com/watch?v=Ewr9PtwtJ8w

Sur l’inceste : le podcast « Ou peut-être une nuit » de Charlotte Pudlowski https://louiemedia.com/injustices-2/ou-peut-etre-une-nuit

Comprendre et accompagner un enfant victime de maltraitances https://enfantbleu.org/comprendre-et-accompagner-un-enfant-victime-de-maltraitances/

On l’entend, cet article a pris un ton plutôt grave mais le sujet l’est tout autant. Nous sommes suffisamment proches des jeunes que nous encadrons, nous pouvons agir pour permettre à tous·tes celleux que nous encadrons de se développer et de grandir dans les meilleurs conditions !


[1] Scouts américains : https://www.rtl.fr/actu/international/agressions-sexuelles-les-scouts-americains-deposent-le-bilan-7800114355

Affaire Preynat / Lyon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Bernard_Preynat