16 mars 2021

Pourquoi parler les enfants ?

Par allumefeu

« La séparation entre mineur.e.s et majeur.es n’est pas légitime. Pour aller plus loin dans l’auto‐organisation on pourrait imaginer des quotas par âge au sein des conseils d’administration des associations de scoutisme » (AF N°1 ‐ Vers une relation éducative sans chefs et sans mineurs ?)

« L’éducation est un travail de longue haleine de jardinier patient » (AF N°2 ‐ Conjurer le malin)

« Comment peut‐on prétendre construire une relation avec des jeunes (…) si on sait déjà « ce qu’on va leur

faire faire » avec une liste détaillée d’objectifs ? » (AF N°2 ‐ Avoir un projet péda sans objectifs ?)

Quand j’étais enfant,

C’est la vraie vie qui me fascinait, j’étais à l’affût.

Je ne demandais pas la parole, mais plutôt qu’on me laisse regarder.

Je ne demandais pas qu’on m’écoute, mais plutôt qu’on m’oublie.

Je ne voulais pas qu’on se tourne vers moi, mais plutôt que tout se passe comme si je n’étais pas là.

J’étais aimanté par les mains des adultes quand elles‐ils travaillaient ou par leur plaisir d’être ensemble quand il était visible, mais il fallait que ma place n’y soit pas prévue, c’était la condition pour me capter.

Pourtant, un grand bonheur, c’était qu’à un moment ils m’aperçoivent, et qu’au lieu de me chasser ils me disent de les rejoindre.
Tout ce que je pourrais en dire de ce qui (m’)advenait alors ne l’épuisera pas, la parole ne peut pas en rendre compte. Parler d’émotion, de sentiment, ou de « communion », on est loin du compte, j’affirme qu’il y avait autre chose, qu’il ne m’intéresse pas de percer.

Ce qui m’intéresse c’est de pointer qu’il y avait là des adultes qui vivaient leur vie, qui n’avaient rien fait « exprès », et des enfants qui vivaient la leur, de vie d’enfant, faite le plus souvent de jeux.

N’empêche qu’à certains moments on était proches.

5 minutes, ou beaucoup plus, et puis me voilà reparti à ma vie d’enfant, qu’on me laissait volontiers.

La meilleure façon de me garder, alors, pour une présence proche, était de me suivre de loin.

Qu’est‐ce qui fait signe ? Bien malin qui le sait, on peut le pré‐penser, on fournira un placebo.

Par contre, ce qu’on peut vouloir, c’est faire le pas de côté pour ouvrir l’espace qui permet à un enfant d’en prendre une, de place, pour un moment, dans la vraie vie.

Ça se dit qu’il y a du vrai dans ce qu’on dit, on devrait pouvoir le dire aussi pour ce qu’on fait.

Et pas besoin de chercher à l’être, aimant. La ficelle aurait été trop grosse et je m’en serais détourné. C’est s’il y a du vrai que je me rapproche.

Pourquoi parler les enfants ?

cob

« Le territoire est un lieu d’asile où les enfants vivent dans un refuge où ils sont à l’abri de la parole » (Fernand DELIGNY).