8 février 2021

Ma présence scoute à la Pride

Par allumefeu

J’avais 16 ans, j’allais bientôt commencer à animer. A l’époque, je me cherchais encore. Je ne me savais pas queer, mais je comprenais des problématiques queer, parce que je savais ce que c’était de se faire insulter, d’être moqué-e quand on sort un peu de la norme. Je l’avais vécu, notamment aux scouts.

Ce que je savais surtout, c’est que je voulais changer cette ambiance de merde qui régnait subrepticement dans mon mouvement. Je voulais qu’au delà des messages de tolérance, on soit cohérent-e. Que d’autres ne vivent pas ce que j’avais vécu et puissent s’y épanouir tout du long. Les LGBTphobies et le sexisme étaient et sont probablement encore palpables (bien que souvent subtil) dans mon ancien mouvement.

Si je voulais animer, continuer, transmettre, c’était aussi pour ça. Pour transmettre la tolérance, ce qu’aujourd’hui j’appellerai l’inclusivité. Je m’interrogeais alors sur comment faire, comment changer la culture.

C’est dans ce contexte qu’en mars 2016 j’ai vu passer un message sur le Cercle Scout : la proposition de participer à une présence scoute à la Pride. Sans me poser de question je rejoins le groupe Facebook, qui est alors public. Evidemment que je participe. Je n’attends que ça, une manière de manifester ma solidarité, d’espérer changer la culture. Une manière surtout de montrer, d’afficher que le scoutisme doit être inclusif, que toustes doivent être bienvenues. Je m’engage à venir sans même y réfléchir. J’essaye de faire venir un de mes seuls amis aux scouts. Pour lui ce n’est pas aux scout-e-s de faire ça. Des gens autour de moi me disent de profiter et de faire attention, je ne comprends pas trop pourquoi mais bon. Rien ne me fait douter.

Sur place, je suis la cadette du groupe. C’est la première fois que je choisis d’aller en manif. C’est la première fois que je vais en manif seule. C’est la première fois que je prends une décision politique en réfléchissant à la politique. C’était fort, finalement j’ai pas changé le monde, ni la culture de mon mouvement, mais ç a aura marqué ma vie.

J’ai découvert des personnes inclusives, engagées. J’ai rencontré des gens d’autres mouvements scouts. J’ai marché et j’ai senti le pouvoir dont je me sentais habituellement dépossédé-e aux scouts couler dans mes veines. Pour une fois je ne me battais pas contre mais avec. J’ai découvert la force de l’action collective. Pour une fois je choisissais ce que je faisais de ma vie, de mes opinions. Et pas juste des pensées, pas juste des paroles. Pas juste pour tenir tête non plus.

Je n’y suis pas encore retourné-e. Mais ce n’est que partie remise. Aujourd’hui j’ai changé de mouvement scout et c’est tant mieux. Dans l’ancien, des ami-e-s à moi essaient de changer la culture. On s’y met collectivement, j’aide. Peut-être que ça va porter ses fruits. Je l’espère.

Ner